3.5. : Ontokinesthese du mélancolique ou le corps en deréliction en
recherche de presence. Dr.
Introduction
Nous sommes un dimanche au début
d'octobre. Je commence à relire les textes de la mélancolie et me
promène le long d'un lac en pleine forêt. Les couleurs sont ceux de l'automne
et son odeur est ravivée par le soleil et sa douceur. Les feuilles tombent,
jaunies, ci et là, et pourfendent le grand calme de l'atmosphère, pourtant déjà
chargé de la mort. C'est le silence d'un funérarium, c'est le lieu privilégié
de la mélancolie car , je cite Munier,
" la
mélancolie sait le monde périssable et l'aborde selon cette dimension ici et
maintenant." [1]
C'est à ce moment que j'écris dans mon petit calepin : " Je suis mieux
seul qu'avec un autre absent car la solitude ne pourra jamais me conduire aussi
profondément dans l'abîme que cette sensation de non-présence dans la présence
de l'autre, que ce " le là" en déperdition de lui-même. La mélancolie,
serait-ce cette intuition de l'illusion de la présence qui conduit à la perte
de tout mouvement. Les orbes de l'horizontalité du lac reflètent le miroir dans
lequel je pourrais m'évanouir. Le mélancolique se réfugie dans le fond
sans-fond, l'hystérique dans les cîmes sans hauteur. C'est pourquoi la
mélancolie fuit l'étendue au risque de s'y perdre à jamais tout comme Louis II
de Bavière. Il écoute le rien qui envahit sa vie car le rien est la seule chose
qui le rassure ou tout du moins la force que respire la faille de sa déchirure.
L'horizontalité absorbe le mélancolique dans sa platitude, la verticalité le
tient en vie..."
C'est ainsi que je commence ce long parcours qui me mène à vous
aujourd'hui. Maintenant , je vais lire, écouter, observer, sentir la mélancolie
tout autour de moi et créer ce nouveau texte qui m'exorcisera, pour un moment
encore, de
"
Dans les caveaux d'insondable tristesse
Où le
destin m'a déjà relégué ;
Où jamais
n'entre un rayon rose et gai ;
Où, seul
avec la nuit, maussade hôtesse,
Je suis
comme un peintre qu'un Dieu moqueur
Condamne
à peindre, hélàs ! sur le ténèbres ;
Où,
cuisinier aux appétits funèbres ,
Je fais
bouillir et je mange mon coeur ,
Par
instants brille,et s'allonge, et s'étale
Un spectre
fait de grâce et de splendeur
A sa
rêveuse allure orientale,
Quand il
atteint sa totale grandeur,
Je
reconnais ma belle visiteuse :
C'est
elle ! noire et pourtant lumineuse. [2]
2. Stimmung
Comme c'est étrange, ma première écriture s'inscrit dans une forêt
d'automne, ma deuxième, celle-ci, est ponctuée par mon regard qui se lève de ma
table de travail et se perd dans l'étendue de la mer du Nord. Deux lieux qui
illustrent si bien l'atmosphère, cette Stimmung mélancolique.
Or c'est précisément cette Stimmung
qui, tel un diapason, donne la profondeur de la résonance du mélancolique.
En effet, la Stimmung est,
dixit Virgile, les " Lacrimae Rerum
", les larmes des choses. C'est ce qui n'est pas dit, pas concret, non
pas perceptible mais aperceptible et qui
donne à l'espace sa possibilité d’être passible de, qui permet l'apprésentation
et/ ou, nous dit Heidegger, ce qui permet " à une chose, un lieu, une expression d'autrui de devenir organe de
notre communication totale avec le monde et, partant, avec notre propre
"fait" d'exister."[3]
Je ne peux que vous citer de longs passages de cet article de Michèle
Gennart et des citations de Heidegger pour partager ma sensation diffuse mais
profonde que pouvoir percevoir la Stimmung,
enrichit ma pratique psycho - somatothérapeutique de son essentiel : la possibilité de l' einfuhlung, d'être-là un, le même et à la fois différent -
dans-le-monde avec l'autre.
Ce que nous indiquons
ontologiquement sous le titre d'affection est la chose du monde la mieux connue
et la plus quotidienne ontiquement: c'est la Stimmung, le fait d'être
disposé...L'affection - la Stimmung- ouvre le Dasein en son être-jeté, et cela
de prime abord et le plus souvent selon la guise d'un détournement qui
l'esquive. La Stimmung assaille.
Elle ne vient ni de l'extérieur, ni de l'intérieur, mais en tant que guise de
l'être-au-monde, elle monte de celui-ci même...
La Stimmung a à chaque fois déjà
ouvert l'être-au-monde en tant que totalité et c'est elle qui permet pour la
première fois de se tourner vers. L'affection -la Stimmung- est un mode
existential fondamental où le Dasein est son
là.
La Stimmung n'a pas seulement une signification fondamentale pour la
philosophie ; elle l'a d'abord pour notre existence à tous, où sa puissance
disposante et déterminante oeuvre à la façon d'une archè, arch, c'est à dire
" ce à partir de quoi" ou plutôt en se basant sur le verbe
arcein : ce qui ne cesse de dominer...
Il n'est pas du tout essentiel que
la Stimmung soit vécue, au contraire, -le vécu désigne la transposition ou
l'intégration dans le sujet d'un comportement intentionnel et en prise sur le
monde- ce sont précisément ces dispositions affectives, ces Stimmung,
auxquelles nous ne prêtons nullement attention qui sont les plus puissantes...
La Stimmung relève du se-sentir, il est un mode de l'être-là, du Dasein...
L'homme devenu triste se ferme, il
devient inaccessible sans pour autant manifester la moindre dureté à notre
égard. Que signifie qu'ainsi disposé, il soit inaccessible ? La façon dont nous
pouvons être avec lui et dont lui est avec nous est autre. C'est cette
tristesse qui constitue le comment (à la
façon duquel nous sommes ensemble). Il nous fait entrer dans la façon dont il
est, sans que nous devions être tristes. L'être-l'un-avec-l'autre, notre
être-là est autre. Il a changé de ton... Cette disposition n'est pas un étant
qui survient dans l'âme à titre de vécu; elle est bien plutôt le comment de
notre-là l'un avec l'autre...
Une Stimmung est un air, pas
seulement une forme ou un mode, mais un air au sens d'une mélodie, qui ne plane
pas au-dessus de l'être -présent prétendument véritable de l'homme mais qui
donne le ton de cet être...pour être à même de le rencontrer, il est nécessaire
d'accéder à une sensibilité plus fondamentale -la Befindlichkeit- sensibilité
au fait d'être-là... l'être-disposé de la Befindlichkeit constitue
existentialement l'ouverture au monde de l'être-là...La Stimmung est cette
disposition à travers laquelle se rencontrent originairement l'être-là que nous
sommes et l'être-là qu'est le monde lui-même...
Nous pourrions nous représenter
cette communication pathique comme symbiotique. IL n'en n'est rien...Pour
preuve, le sommeil qui est un desmos, desmoV , une liaison, un singulier
enchaînement de l'aisthésis, non seulement du sujet percevant mais de l'être
entier, dans la mesure où celui-ci ne peut recevoir d'étant autre qu'il ne soit
pas lui-même...
Celui à qui fait défaut cette
possibilité d'absence -comme
dans le sommeil ou le délire- laquelle constitue une certaine présence à soi et
à ses liens d'appartenance transhistoriques, ne peut manquer de sombrer dans
une précipitation effrénée qui s'absorbe dans les choses comme pour y trouver
appui, mais qui est incapable de laisser retentir la rencontre, est abstreinte
à trouver des objets toujours nouveaux...
La Stimmung est non seulement une façon d'habiter le monde,
mais aussi de l'ouvrir ou de le révélèr. Si l'on se soucie de comprendre
autrui, il importe dès lors de pouvoir résonner à sa Stimmung, et donc de
s'éveiller au monde qui s'y révèle... Le problème pour le thérapeute est
d'avoir, par einfühlung, la même expérience que le patient, de trouver un
terrain de co-présence, de parvenir à prendre pied dans son monde tout en
restant parti, de se mouvoir entre son recouvrement partiel et toujours mouvant
des mondes singuliers, ou de leur communication, et non de leur précipation en
un tout homogène. [4]
3. Mélancolie : un rien en déchirure
Or, la Stimmung du mélancolique est " un rien en déchirure ". Rencontrer un mélancolique, dans la mesure du
possible, c'est rencontrer un objet, déjà perdu, en perte continuelle de
lui-même.
Cet essai théorique sera étayé par les textes d'un de mes patients que nous
appellerons Olivier. Olivier a 33 ans et en paraît la vingtaine.
Artiste-peintre, il consulte pour insomnies, un symptôme qui cache une
véritable symphonie de comportements pathiques : l'hyponcondrie, des états
maniaques, des vertiges incessants, un narcissisme doublé d'une
auto-dépréciation continuelle, des délires mégalo, des troubles
obessionnels-compulsifs, une perversion sublimée dans une homosexualité dont le chef d'orchestre pourtant pourrait être la mélancolie.
" Je suis une merde et je ne
peux imaginer qu'il m'aime puisqu'il ne peut aimer une merde... depuis ma plus
tendre enfance, j'ai eu la peur de la mort, donc j'ai inconsciemment voulu
rester un enfant, pour ne pas grandir, ne pas vieillir et donc ne pas mourir...j'ai
eu en rêve l'image d'une femme mec et j'ai eu peur. Cette peur vient du fait
que je me sens coupable de ne pas pouvoir exister pour le corps d'une femme.
J'ai peur de ne pas pouvoir lui faire
l'amour car je ne me sens pas capable de mettre mes doigts dans son sexe et
encore moins ma langue ( Cà me dégoûte
profondément et je me sens coupable et impuissant devant ce fait-là ) ...ma
peur, est-ce un fait, la peur du sexe simplement, car chez mes parents, la
maison était comme asexuée et mon copain a amené le sexe dans ma maison ( Depuis
ont commencé ses insomnies) ... une fois,
j'ai fait l'amour avec un garçon, j'ai dit à ma maman que j'ai été violé, donc
je ne l'ai pas trahi physiquement, donc ma maman pouvait me pardonner, car avec
ma maman, c'est comme si elle était ma maîtresse, car j'ai dû ressentir un
inceste avec ma mère...quand mon père tapait ma mère, je me souviens très bien,
c'est comme si je recevais les coups moi-même car j'étais en ma mère, je
m'étais fondu en elle..."[5]
Le mélancolique, nous précise Hassoun, "a eu affaire à une mère qui n'a pas su l'accompagner dans son
sevrage...le sevrage suppose que la mère
soit capable d'entendre que c'est elle qui perd le sein...l'enfant ne peut
céder que ce qui s'est constitué comme perdu par l'autre… Le mélancolique est
cet objet non séparé qui a manqué d'être...il est cet enfant abandonné trop tôt
par une mère trop occupée à contempler sa propre image...le mélancolique serait
donc celui auquel le défaut de reconnaissance de l'autre rend impossible ou
aléatoire la formulation d'une demande, celui dont le désir reste énigmatique,
et qui ne rencontrant que des fins de non-recevoir plus que des objections à
son désir voit son rapport à l'objet atteint au point où le mélancolique se
trouve figé dans un endeuillement sans fin, sans recours possible à l'angoisse
, c'est-à-dire à ce qui pourrait susciter de l'objet" [6]
Olivier ne peut se construire car il se sent sans fondement. Il repose sur
le vide de la fissure créée par une rupture incessante, cette rupture qui ,
nous dit Baudrillard, " a deux
formes : l'une par l'éloignement, l'autre par excès de proximité. rupture de
charge, rupture de charme. Une telle proximité, jour pour jour, tout au long
des milliers de kilomètres du désert, peut devenir aussi insupportable qu'un
crime. Et ce fut bien en effet quelque chose comme cà "[7]
Olivier l'écrit lui-même : " Tant
que je n'aurai pas tué ma mère, je chercherai toujours quelqu'un qui est à la fois protecteur et maternel
comme ma maman " [8] ou du moins, le croit-il ? Car tel est bien son
illusion tragique : l'amour maternel qui ne pourrait tromper l'inconscient. Il
veut tuer cette mère qui n'a pu donner que la vie et non point l'élan vital par
un manque de présence, c'est-à-dire entr'autres par manque d'une
"distanciation juste".
Or, je cite Binswanger, Chez
Minkowski, le point de départ de son étude phénoménologique d'un cas de
mélancolie, est la notion bergsonnienne encore très vague de l'élan vital qui
oriente toute notre vie vers l'avenir. C'est de ce fait le problème du temps
qui mène à l'étude de la structure de la
personnalité humaine. Il suffit que l'élan vital qui maintient tout l'édifice
de la personnalité humaine commence à chancheler ou à vaciller pour que tout
l'édifice devienne branlant. Ainsi la notion complexe du temps et de la vie se
désagrège et libère la puissance du terrifiant chez le mélancolique."[9]
Olivier ne peut sentir que le
"trop", le trop loin ou le trop proche.
Il souffre donc d'une souffrance existentiale qui se rapporte , dixit Digo,
" au non-manifeste, au latent, le
plus souvent inaperçu et qui, surtout possède un caractère fondamental,
structural de l' Etre de l'existence humaine " [10]
Sa Souffrance est dès lors celle, nous dit Binswanger, " d'être
être-au-monde " [11]
Nous pouvons bien le saisir dans le texte d'une de mes patientes : "Novembre, mois propice au deuil. La
nature tout doucement s'endort, non sans fêter ses derniers feux, ses derniers
flamboiements. Mais, au printemps, renaîtrons feuilles, herbes et fleurs et
avec eux l'espoir.
Moi, je ne veux pas mourir car je ne
renaîtrai pas ! Ce coup de couteau dans le ventre, ne le connaîtrai-je que par
livre ou film interposé. Dois-je faire mon deuil de ce plaisir tant décrit ?
Dois-je sombrer dans l'oubli ou l'anonymat ? Dois-je oublier mes rêves d'amour,
de passion, de fusion ? Et cette détresse qui m'étrient, que dois-je en faire ?
Mon ventre crie, mon corps se torture ...Qu'ai-je fais de ce corps qui ne
répond pas ? Pourquoi, malgré tant de désirs, n'y a-t-il pas de chants dans mon
corps ? Dois-je tout oublier, m'anéantir
pour que les autres puissent vivre ? La vie, ma vie doit-elle être cette plage
où vient mourir une vague calme, sans secousse, sans vibrations ? Je ne veux
plus de noir, porter du noir...Je voudrais hurler que je me noie et que l'on
m'entende. je voudrais tuer la femme qui m'a mise au monde mais ne m'a pas
donnée la VIE. "[12]
Malgré ce même désir de tuer la mère, ces deux textes sont différents et
marquent la subtile différence entre certains états dépressifs et la
mélancolie. Dans la dépression, il y a formulation des deux mondes - le monde
intérieur et le monde extérieur - et de l'énorme précipice qui les sépare.
Aucune symbolique ne leur paraît assez puissante pour construire un pont, ce
qui entraîne la dépression, provoquée comme en météorologie, par une différence
de pression. Le dépressif est généralement sinon en quête tout du moins dans la
dépendance complète de l'amour et dans la fixation rigide d'une émotion : la
tristesse. La mélancolie, quant à elle, comme le souligne Binswanger, "ne se laisse jamais comprendre à partir de
l'émotionnel ou d'une stratification de la vie émotionnelle. Dans la
mélancolie, l'essentiel est la dépotentialisation émotionnelle et
intentionnelle. Le mélancolique vit une dépossession de la capacité de contact,
d'intuition et d'amour." [13]
5. Intuition, Contact, Amour
C'est dire qu'en matière de troubles de l'humeur, il est important de se
demander, comme le souligne Roland Kuhn, "
dans quelle mesure une dysthymie naissant d'une prédisposition maniaque ou
dépressive doit dans un cas concret être qualifiée de pathogénique,
c'est-à-dire considérée comme la vraie raison de la maladie, et dans quelle
mesure uniquement pathoplastique, c'est-à-dire comme responsable de la
configuratioon symptomatologique d'une maladie d'une autre origine" 14
Ce diagnostic différentiel, subtil et difficile, peut bien sûr
s'effectuer en vérifiant l'action de
substances chimiques sur la symptomatologie mais il peut aussi et /ou en plus s'établir en fonction du degré d'apprésentation
du patient ou de sa manière d'entrer en contact avec le monde. Il s'agit dès
lors de s'interroger sur l'ontokinesthèse de notre patient ou en d'autres
termes sur les sensations du mouvement de son être-au-monde.
" Je me persuade chaque jour
davantage que nous pressentons tout dans la mélancolie et que dans le
déchirement, nous savons tout. Il n'y a de déchirements que du coeur : et le
coeur ne connaît pas l'espace " 15 écrit ce prince des ténèbres, ce maître de la mélancolie : Cioran. Il
permet de saisir toute la richesse de la mélancolie et de libérer sa puissance.
" Le mystère du sourire mélancolique
résulte de l'énigme introduite par la douceur dans la mélancolie. Tout ce qui est
suave, ingénu, pur, verse sur le vague de la mélancolie une fluide impondérable
et mystérieux qui se dilate en nous comme un parfum enivrant et fin... La
mélancolie ne transfigure-t-elle pas le visage le plus dépourvu d'expression en
prêtant une profondeur au vide intérieur. "[14]
Si, comme l'écrit Maldiney, Le seul éclair de l'être est la déchirure du
rien[15] et que,
dans ce prolongement, la mélancolie est
un rien en déchirure , la dépression est quant à elle un rien qui ne peut se
déchirer.
Au delà de tout jeu sémantique, le "rien" est bien l'axe
fondamental de l'être-au-monde parce que le "rien" tout comme
"l'être" ne se libèrent qu'au-delà du phénoménal tout comme l'encens
doit brûler pour libérer ses flagrances…
L'homme est donc voué à déchirer son enveloppe pour devenir. Sa manière
d'être-à-la-déchirure modulera la dynamique verticale de son élan vital. Le
mélancolique déchire continuellement le rien qui se reforme instantanément
quelque soit déjà la profondeur de sa souffrance. Même ce rien ne peut agir
comme fondement. Il ne connaît pas le
repos puisqu''il ne ressent aucune terre sur laquelle il peut se reposer.[16] Dès lors, puisque son sol est
"l'ouvert", un rien en déchirure, en recherche de l'absolu, sa
matérialité est quasi-nulle.
Le corps du mélancolique qui existe sa mélancolie – à l’inverse de
Baudelaire – est éthéré, souvent
leptosome, aérien, à la limite du sexué. "La sensation du mouvement de son
corps vécu" ou son ontokinesthèse se veut le plus aréodynamique, il
pourfend l'air sans résistance. Il ne se meut pas parce que, comme le prétend
Straus, il ne peut pas appréhender la spatio-temporalité du monde[17] . Il plane dans les interstices du temps, dans
ses "fêlures" et appréhende sans cesse la chute au point de pouvoir
vivre un vertige permanent.
Le dépressif n'ose pas, ni affronter son être, ni déchirer le rien...Il a
peur de tout avenir en rupture du passé. En général, on assiste, nous précise
Henri Ey, "au déclenchement d'accès
dépressifs, suite à l' l'influence de facteurs exogènes. Ces accès surviennent
presque toujours à la faveur d'une prédisposition de la personnalité de base.
C'est pourquoi, ils sont appellés états dépressifs réactionnels ou
névrotiques."[18]
Mais cette peur qui paralyse le
patient est quelques fois endogène dans la mesure où "l'objet générateur " est
intérieur, flou, impalpable. Le patient vit alors une sensation de non-être qui
le conduit dans les affres de la désolation existentiale. Tellenbach nous dit
que " dans les phénomènes de
l'endogène se manifestent des manières d'être tout à fait primordiales de
l'être humain : l'histoire vitale dans sa rythmicité et dans son mode
d'écoulement , sa cinétique... L'endogène est ce qui ressort comme unité de la
forme fondamentale dans tout historial..." [19] Et Maldiney de préciser : " l'endogène est en réalité l'endo-cosmo-gène.
Il engage le monde comme il engage l'endon " [20]
La dépression se différencie dès lors fondamentalement de la mélancolie
dans son étiopathologie. Si dans la première, la source est extérieure et
souvent précise, dans la deuxième, elle est intérieure et toujours mystérieuse.
Il faut néanmoins préciser comme nous le rappelle Maldiney, que la mélancolie
touche fondamentalement notre rapport au monde, nos perceptions et modifie les
constructions sémantiques de la réalité.
Le dépressif est en manque d'avoir
pour être, le mélancolique est en manque d'être pour avoir...
Entrer en contact avec ces deux types de manque entraîne une différence
fondamentale dans la qualité de "l'être-au-corps-du-monde " et de la présence
dont le dépressif échoue sur les rives et le mélancolique creuse les
entrailles.
La présence n'est pas " l'objet du déprimé " alors qu'elle est
l'éternelle absence du mélancolique à savoir que la Présence reste sa quête du
graal.
Si la dépression peut être approchée par une "science des faits",
la mélancolie exige "une science des essences". et, je cite
Blankenburg, " que signifie d'autre
le terme d'ordre phénoménologique, sinon que les principes d'ordre doivent être
tirés de ce qui apparaît en tant que tel, c'est-à-dire tirés de son essence.
" [21] Il poursuit " Binswanger a bien plutôt tenu jusqu'à la fin "au fondement
ontologico-daseinsanalytique", à l'être-dans-le-monde. Son thème principal
est le transcender du Dasein." [22]
C'est que la mélancolie peut être comprise et sentie comme égopathie, comme
une faiblesse du je, une insécurité du soi, une manque de confiance en soi.
Mais comme le précise Blankenburg, "
la différence à laquelle nous nous heurtons ici, est celle entre soi
"naturel ou empirique" et soi "transcendantal".[23]
Le manque de confiance en soi qui touche le mélancolique est de l'ordre du
transcendantal et non de l'empirique. Le mélancolique peut faire mais il est
toujours déçu, le déprimé ne sait plus rien faire, car c'est son je empirique
qui est ébranlé.
Bien que rapportés plutôt à la schizophrénie et à l'hébéphrénie, ces propos
de Blankenburg illustrent très bien l'être-au-monde-mélancolique, "Trouver les limites dans le temporel, cela
veut dire en même temps : trouver sa place dans la finitude. Ce qui est refusé
à ces malades. Leurs impulsions suicidaires peuvent être comprises non
seulement à partir d'un excès de souffrance, mais aussi, comme une volonté
violente d'imposer la finitude du Dasein...Nos malades souffrent d'une altération
particulière, la perte de l'évidence naturelle, qui est une transformation de
l'orientation propre au-monde-du-vivre. Les malades se heurtent eux-même à
l'inaptitude à se mouvoir dans l'évident. "[24]
Cette notion de perte de l'évidence naturelle est très importante pour
mieux comprendre combien l'intropathie ou l'empathie s'avère difficile avec un
mélancolique. En effet, cette perte d'évidence naturelle s'accompagne d'une
métamorphose de ses sens.
Sa manière d'
être-sensible-au-monde module sa
corporalité, c'est à dire " l'intermédiaire immédiat par lequel l'homme en
dépassant le corps substantiel et le corporel
fonctionnel, s'exprime lui-même dans sa manière d'être, et à travers
lequel il s'accorde, par son actuation, signification, sens et
valeur à son donné corporel, individuel, pour son existence personnelle "[25]
Je m'ouvre au monde parce que je peux aussi entrer en moi-même et partager
avec l'autre. C'est parce que je suis en moi,
dans la stabilité de mon moi profond, et dans la sensation de mon idioV kosmoV, mon monde propre, tout en étant en relation avec le koinoV kosmoV, le monde commun, que je peux accéder à la présence qui me renvoient à la temporalité, notion
primordiale en phénoménologie.
La présence s'articule
dans un mouvement, un mouvement dans les extases du temps ( Passé, Présent et
Futur) et un mouvement entre le monde
intérieur et le monde extérieur, entre l'état de sommeil et l'état de veille, entre l'inconscient et
le conscient, entre l'imaginaire et la réalité, entre la marge et l' espace
d'expression, entre toutes ces formes - magie d'un trait - qui se transforment sans
cesse autour de moi. et qui me conduisent ainsi vers le transcendantal . [26] Mais ce dedans et ce dehors ne sont pas des
relations spatiales. La relation de l'intérieur et de l'extérieur ne se réduit pas à une pure relation de
proximité : c'est une relation de la totalité du monde. Ce n'est qu'au titre
d'être-sentant et se mouvant que l'homme et l'animal ont avec le monde une
relation. Quant à mon corps, il est
le médiateur entre le je et le monde, il n'appartient pleinement ni à
l'intérieur, ni à l'extérieur. L'intérieur et l'extérieur sont dès lors
relatifs à l'individu sentant et à sa relation totale avec le monde. [27]
La présence est donc signe d'une transcendance. Et cette qualité de la présence, liée à la
souplesse de mon mouvement et cette possibilité d'intuition phénoménologique me conduisent vers ma possibilité
d'apprésentation .
Cette idée que Husserl développe est liée au concept d'aperception qui est la conscience ou la connaissance réflexive de
l'état intérieur ou l'action de rapporter une représentation à la conscience de
soi [28].
Elle permet la liaison de la conscience et du corps en une
unité naturelle donnée à l'intuition
empirique pour rendre possible quelque chose comme une compréhension mutuelle
entre des êtres animés appartenant à un unique monde et que c'est uniquement
par ce moyen que chaque sujet connaissant peut découvrir le monde total comme
englobant , lui et d'autres sujets, et en même temps le reconnaître comme étant
le seul et même environnement (Umwelt) qui appartient en commun à lui et aux
autres sujets [29].
L'aperception nous renvoie à nos modes et qualité de perception
et également sur l'objet perçu. La phénoménologie nous sensibilise à un autre monde
de perception. Elle nous emmène plus loin, plus profondément, dans la
transparence de l'être trop souvent opacifié par le quotidien.
Dès lors cette perception plus fondamentale qui lie, unit et englobe par ce mouvement dont nous avons déjà
parlé, permettra une épiphanie du
corps-vivant, c'est à dire un corps qui vit,
qui bouge, qui s'exprime, qui se dit, qui se métamorphose. L'apprésentation nous permettra de saisir le corps-existant, ou le corps-projet, ce corps qui signe
l'alter -ego. Et "
il ressort avec évidence que si je suis en défaut pour ce qui concerne l'alter
ego, si je n'ai aucune compréhension de l'être de l'autre, alors c'est que j'ai
manqué à réaliser l'interprétation du sens de mon propre Je " [30] Ce qui
signifie qu'une altération de l'apprésentation me ferme les portes de la
compréhension de l'autre comme être-au-monde et me condamne par la même à
l'ostracisme de mon propre
être-au-monde. dans le projet d'un monde commun . L'autre n'est plus appréhendé comme alter-ego mais
comme "alius" [31], un étranger , un parmi tant d'autres, sans
spécificité, sans être-au-monde.
Or le mélancolique vit cette altération profonde de son mode d'aperception.
C'est pourquoi, il se sent à ce point étranger dans le monde, à ce point seul,
incompris, sans moyen de communiquer et partager son "étrangéité".
La psychothérapie de la mélancolie à l'inverse de la dépression se situe dès lors en deçà d'une psychothérapie de
"faits" ou "rationnelle" ou encore même "
catégoriale", elle se situe dans le "la" même où l'espace-temps
s'articule.
6. Le spatio-temporel
La contribution philosophique de la notion de spatio-temporalité à sa
compréhension psychopathologique est essentielle mais extrêmement complexe. Je
retiendrai, parmi tant d'autres, Une étude phénoménologique intéressante de
l'espace de Patocka qui nous dit, "La
philosophie cherche à isoler les mathématiques de l'espace sensible et, par là,
du monde sensible en général...les figures géométriques présupposent un principe de multiplicité
dont le déploiement progressif donne l'étendue géométrique ; elles présupposent
un apeiron premier et intelligible, qui se
distingue, par tout son caractère ontique, de l'apeiron
totalement irrationnel que représente l'espace sensible en tant que réceptable
des formes. La géométrie requiert un espace intelligible, essentiellement
différent de l'espace mythico-sensible dans lequel nous vivons réellement.
L'espace mythico-sensible n'est pas tout d'abord l'espace des formes
géométriques et de leur légalité
intemporelles. Il est au contraire, à
l'origine, un espace dynamique, rempli de forces et de mouvements chaotiques. et un peu plus loin de continuer...le rejet du chaos mythique, de
"l'espace vide" , du "réceptacle", constitue un élément
important de cette exorcisation non mathématique du mythique."[32]
S'interroger ainsi sur l'identité de l'espace, être à l'écoute d'une
intelligibilité tant philosophique que mathématique, à nouveau nous aide à
mieux comprendre la problématique mélancolique qui se situe certainement dans
cette arch , dans ce nœud de la prwth ulh
. Le mélancolique ne peut se dégager de cette prwth ulh
,il y reste figé. Tout son mouvement n'est qu'illusoire et illusion, son
essentiel, n'étant pas le dehors ou le dedans, mais le avant-dehors-dedans, le
avant contenu-contenant.
Il est en recherche de cet espace
qui est " une manière de se rapporter à l'univers - le
rapport à la totalité des êtres qui rend possible l'insertion de la vie de
l'être singulier au sein de la totalité. La relation originaire, qui fonde
l'espace, à la travers lequel le sujet se met à part de la totalité des autres
êtres pour s'y intégrer à nouveau , n'est pas un rapport dans lequel le sujet
se trouve, mais le se-rapporter qu'il est . "[33]
La mélancolie est le symptôme de cette incapacité de réaliser, de rendre
réel, cette sensation profonde de " l'impossibilité relationnelle"
dans la mesure où la "Uhrraum" est à jamais perdue..., incapacité car toujours
subsiste un doute... "et si jamais" . Le mélancolique fonde sa vie
sur ce " et si jamais ", sur
cet espoir sans fondement d'une résurection alors que le dépressif ne fonde
plus sa vie , tout est toujours perdu pour lui sans espoir, sans possibilité.
Cette pertubation spatiale entraîne , nous dit Maldiney, que " Dans
l'espace du mélancolique, les êtres ne communiquent pas entre eux par leurs
horizons. Ils n'ont pas d'horizons. Faute d'espace marginal où il soit
potentiellement au monde, il n'habite plus." [34]
En redécouvrant ce texte de Maldiney, en le réactivant dans ma conscience,
je repense à mes pensées au Lac, à mes
notes dans mon calepin : " C'est
pourquoi la mélancolie fuit l'étendue au risque de s'y perdre à jamais tout
comme Louis II de Bavière. Il écoute le rien
qui envahit sa vie car le rien est la seule chose qui le rassure ou tout
du moins la force que respire la faille de sa déchirure. L'horizontalité
absorbe le mélancolique dans sa platitude, la verticalité le tient en vie."
Cette sensation intuitive d'écriture où le mot habille un sens prend sens
maintenant. Il fuit l'étendue car il ne peut la saisir, car sa perception
intérieure ne peut la limiter virtuellement. Cet infini, là face à lui,
s'intériorise. Son corps en perd ses limites, et d'enveloppe contenant, il
devient un " Adagio" , un soupir de l'âme...
Mais il est des horizontalités qui révèlent la verticalité
" La platitude d'abord ayant été
dite
la verticalité de l'herbe nous
ressuscite.
" la prise de conscience
soudain
de la verticalité de l'herbe
la constante insureection du vert
nous ressuscite " [35]
Ce texte de Francis Ponge peut aider le thérapeute à trouver un chemin pour le mélancolique.
" Dans l'apparition unique des
contraires, nous dit Maldiney, la platitude horizontale du pré et la verte
verticalité de l'herbe, sont non pas unies mais une dans le regard et la
nomination, où s'affirme l'ex-istence d'un homme, resurgissant à soi, à
l'instant qu'il existe l'insurrection de l'herbe à même la surrection de la
parole" [36]
Dans cette phrase géniale peut reposer l'essence même de la psychothérapie
du mélancolique qui ne peut exister puisqu'il n'a pas d'horizon, ou point de
terre sur laquelle se reposer, ou une absence d'horizontalité de laquelle peut
surgir la verticalité. La verticalité du mélancolique est celle engendrée, je
vous le rappelle, par le rien en déchirure.
Nous terminerons cet exposé par Olivier, sa peinture, son sentiment de
vertige et son évolution du trait sans épaisseur au trait qui fige l'éternité
dans un mouvement continu.
7. Thérapie et Art
" Le maître mot de la critique
poétique est le concept Chi : le plein, la plénitude de réalité matérielle, le
poids concret dont parviennent à se charger les mots du poème. En peinture,au
contraire, le concept central de la critique est le Xu : le vide,c'est à dire
les plages blanches laissées à l'imagination et dont la partie peinte tend à
n'être en quelque sorte que le support .
" nous dit Ryckmans, propos
rapportés par Maldiney [37] Celui-ci poursuit en citant Granet que "le vocable provoque le destin, suscite le
réel. Réalité emblématique, la parole commande aux phénomènes."[38] pour enfin déduire que " C'est le propre de la parole de sous-tendre le silence, comme le
vide actif d'une étendue ouverte dont, parlant, je suis le "là"... Ce
jour, l'Ouvert, n'a pas de lieu. Il est le lieu, intégral en chaque éclat
d'espace."[39]
Comme certains d'entre vous le savent déjà, si la psychiatrie m'a enseigné
la nosographie, ce n'est certainement pas elle qui m'a dessiné les chemins
thérapeutiques. La plus grande difficulté pour un thérapeute est de transcender
sa qualité d'expert pour devenir " thérapeute". La précision d'un
diagnostic est importante, primordiale mais ne guérit pas, pas plus qu'elle
n'aide pas le patient. Un patient qui nomme sa pathologie s'y confine et quitte
le pathique pour devenir " un malade". Le diagnostic n'est qu'un
primum movens, dont la direction de sens est donnée par l'étincelle
thérapeutique qui manque souvent cruellement.
Cette étincelle thérapeutique, je la trouve dans mes lectures, dans ma
culture, dans mes rencontres, dans ma manière d'être-au-monde. Cette dernière
lecture associée à mon histoire me permet de " saisir la souffrance
mélancolique " d'olivier.
Lui, qui est peintre, ne peut encore l'être tant la plage blanche de sa
toile lui donne le vertige. Lui qui ne connaît pas l'horizon, l'immensité
infinie d'où peuvent surgir les formes, ne peut affronter l'horizon de la
toile. C'est pourquoi, il ne peut encore se révéler comme un artiste, comme
celui qui fige l'éternité dans un trait magique. Il ne peut que remplir sa
toile avec des structures réfléchies, préméditées ou inspirées par d'autres. Il
déforme, mutile, déguise le trait des autres mais jamais, il ne se perd dans la
toile. Jamais il ne déchire son rien pour que dans cette faille surgisse la
"Uhrgestalt", seule
expression de l'art. Il se trouve dans une telle recherche de cette "Uhrraum", de cette espace
originaire-perdu qu'il demeure dans l'errance.
Olivier ne peut vivre que l'errance en déchirure qui mène à une aliénation du moi, à une
oscillation entre un délire mystique de grandeur et un délire paranoïaque de
persécution en passant par son centre : la mélancolie. Il rationalise sa
peinture et l'interprète sans cesse . Il l'utilise consciemment et
intentionnellement comme moyen cathartique ce qui laisse son expression sans
épaisseur, sans profondeur.
En décembre dernier, alors que je pars en vacances, il me demande au
téléphone "quelques mots transitionnels", de ces mots qui dépassent
leur propre signifiant pour ouvrir l'espace d'un signifié transcendant. Sans
réfléchir, je lui dis - " Peins ton vertige."
Ces trois mots anodins ont pu libérer Marc qui, sans préparation, a transposé sur la toile son vertige
existentiel qu'il a appelé "Requiem".
Dans l'horizontalité de sa toile, on peut ressentir la verticalité de
l'ascension du trait.
La vie est un écheveau de brins d'émotion, d'histoire, d'énergie et de
matière. La gestalt qui la forme ne peut plus se réduire à ses composants.
Nous pouvons certes analyser "le typus mélancolicus", mieux le
comprendre, le cerner, voire même l'approcher, mais le soigner me semble
utopique. Tout au plus, pouvons-nous l'aider à construire un autre modèle
d'existence auquel il pourrait adhérer.
Avant que l'oeil ne perde sa capacité de voir,
Il verra jusqu'à un poil de duvet.
Quand l'oreille approche de la surdité,
elle entend voleter un menu insecte.
Avant que la bouche ne s'affadisse
en buvant, elle distingue l'eau de chaque source.
Avant que le nez soit bouché,
il est sensible à l'odeur du bois sec.
Avant que le coeur ne s'ankylose,
il est d'une extrème agilité.
Il reconnaît sans difficulté ce qui est et ce qui n'est pas.
Seul ce qui n'est pas poussé à l'extrême
ne connaît pas de retour. "
Lie-Tseu [40]
Ainsi peut-on aussi ressentir la mélancolie, comme cette manière
d'être-au-monde à l'extrême de l'espace-temps, dans ce rien en déchirure
continuelle d'où peut surgir l'absolu...
« Le désir est absolu si le l'être-désirant
est mortel et le désiré invisible. »
Lévinas [41]
Si, comme l'écrit Maldiney, Le seul éclair de l'être est la déchirure du
rien ,nous pourrions écrire dans ce prolongement que la mélancolie est un rien en déchirure et la
dépression un rien qui ne peut se déchirer.
Le dépressif est en manque d'avoir
pour être, le mélancolique est en manque d'être pour avoir...
1: Roger Munier ,
Mélancolie, Paris, le Nyctalope, 1987,
2: Charles
BAUDELAIRE , les fleurs du mal :
Spleen et idéal, un Fantôme , les ténèbres.
3: Michèle
GENNART, La disposition affective chez Heidegger, dans " Le
CONTACT", Textes
colléctés par Jacques schotte aux
éditions De Boeck.1990
4: Jacques
HASSOUN, La cruauté mélancolique , Aubier psychanalyse 1995
5: Jean
BAUDRILLARD, Cool Memories 1980 - 1985 , Galilée 1987
6: Ludwig
BINSWANGER, Mélancolie et Manie, P.U.F., 1960-1987
7: René DIGO , De
l'ennui à la mélancolie, Privat 1979
8: CIORAN, Le
livre des leurres, Arcades-Gallimard, 1992
9: Henry
MALDINEY, L'art, éclair de l'être, éd. Comp'act, 1992
10: Edmund
HUSSERL, la terre ne se meut pas, Ed. Minuit
11: Erwin STRAUS, Du
sens des sens, Millon, 1935-1989
12: Henri Ey, manuel
de psychiatrie, 1978
13: Hubertus
TELLENBACH, Mélancolie, P.U.F. 1979
14: Henri
MALDINEY, Penser l'homme et la folie, Millon, 1991
15: Wolgang
BLANKENBURG, La perte de l'évidence naturelle, P.U.F. 1971-1991
16: Frans VELDMAN, Haptonomie, science de
l'affectivité, chez P.U.F., 1989
17: André LALANDE, Vovabulaire de la
philosophie, P.U.F. 1926 *
1988
18: Edmund HUSSERL, Idées
directrices pour une phénoménologie, TEL Gallimard 1913 * 1950
19: Jan PATOCKA, Qu'est
ce que la phénoménologie ?, Millon,1988
20: Francis PONGE, La fabrique du pré, Les
sentiers de la création, Skira, 1971
[1]: Roger
Munier , Mélancolie, Paris, le Nyctalope, 1987, Page 60
[2]:
Charles BAUDELAIRE , les fleurs du
mal : Spleen et idéal, un Fantôme , les ténèbres.
[3]:
Michèle GENNART, La disposition affective chez Heidegger, dans " Le
CONTACT", Textes colléctés par Jacques schotte aux éditions De
Boeck.1990 Page 75.
[4]: Ibidem
de la page 65 à 81
[5]:
Extraits des textes ( une quarantaine de pages ) qu' Olivier écrit entre
chacune de nos consultations.
[6]:
Jacques HASSOUN, La cruauté mélancolique , Aubier psychanalyse 1995,
Page 40 et svte
[7]: Jean
BAUDRILLARD, Cool Memories 1980 - 1985 , Galilée 1987, Page 23
[8] :
Conferatur annotation 5
[9]: Ludwig BINSWANGER, Mélancolie et Manie,
P.U.F., 1960-1987 page 43
[10]: René
DIGO , De l'ennui à la mélancolie, Privat 1979, Page 32
[11]: Conferatur annotation 9 , Page 25
[12]:
Extrait d'une lettre d'une patiente après une consultation. Quelques semaines
plus tard, elle pourra vivre,enfin, un épisode amoureux, sans pour autant
encore l'exister.
[13]:
Confératur annotation 9 , Page 39
15 : CIORAN, Le livre des leurres,
Arcades-Gallimard, 1992 page 234
[14]:
Ibidem, page 63
[15]: Henry
MALDINEY, L'art, éclair de l'être, éd. Comp'act, 1992; page 23
[16]: A
consulter l'ouvrage de HUSSERL, la terre ne se meut pas,
[17]: Erwin
STRAUS, Du sens des sens, Millon, 1935-1989, dans le chapître "Mouvement et action " page 211 et
suivantes.
[18]: Henri
Ey, manuel de psychiatrie, 1978, page 251
[19]:
Hubertus TELLENBACH, Mélancolie, P.U.F. 1979, page 36 et 37
[20]: Henri
MALDINEY, Penser l'homme et la folie, Millon, 1991 Page 101
[21]:
Wolgang BLANKENBURG, La perte de l'évidence naturelle, P.U.F. 1971-1991,
Page 39
[22]:
Ibidem, page 46
[23]:
Ibidem, page 152
[24]: ibidem, page 128
[25]: Frans VELDMAN, Haptonomie, science de
l'affectivité, chez P.U.F., 1989,
Page 63
[26]:
J'aimerais - en sortant de la Daseinsanalyse - rapprocher ce transcendantal du
chaos, du
V, qui
est selon le yi-king l'état ou tout existe mais sous une forme si
indifférenciée que rien ne se manifeste individuellement : c'est la pure
entropie . L'univers est toujours dans l'état incomplet de sa forme originaire.
C'est quand l'énergie, la forme et la matière sont présentes, mais pas encore
séparées. David MACLAGAN, La création et ses mythes, chez seuil 1976 * 1977 Page 14.
[27]: Erwin STRAUS, Op. Cit. Page 389 à 398.
[28]: André LALANDE, Vovabulaire de la
philosophie, P.U.F. 1926 *
1988 P. 66
[29]: Edmund
HUSSERL, Idées directrices pour une phénoménologie, TEL Gallimard 1913 * 1950
Page 179
[30]: Ludwig BINSWANGER, Mélancolie, Manie, chez P.U.F.
1969-1987 Page 84
[31]: Ibid. Page 85
[32]: Jan
PATOCKA, Qu'est ce que la
phénoménologie ?, Millon,1988, page 85
[33]:
ibidem, page 55
[34]: Henri
MALDINEY, Op. Cit. N°22, page 92
[35]:
Francis PONGE, La fabrique du pré, Les sentiers de la création, Skira,
1971, Page 230
[36]: Henri MALDINEY, Op. Cit. n° 17 , page 66
[37]: Henri MALDINEY, Op. Cit. N°
17, page 130
[38]: Ibidem, page 128
[39]: Ibidem, page 128
[40]:LIE-TSEU , Le vrai Classique du vide parfait,
IV,X Poème, Collection la Pléiade,
Philosophes Taoïste, Page 461
[41]:
Emmanuel LEVINAS , Totalité et infini, essai sur l'extériorité, Livre de
poche, 1971, PAge 22